La médecine en 1711
Le XVII ieme siècle représente les débuts de la médecine moderne issue des traditions du moyen-age associées aux grandes théories de l'Antiquité.
1° L'héritage du passé :a) L'Antiquité :- Hippocrate (460-377) avec sa théorie des 4 humeurs
- Aristote (384-322) avec la prééminence du raisonnement sur les faits
- Galien (131-201) avec le développement de la pharmacopée.
b) Le moyen âge : La scolastique- Début de l'enseignement de la médecine dans les Universités, surtout à Paris, à Montpellier et à Orfox.
2° La médecine en 1711 :a) Le raisonnement médical :Des philosophes comme Bacon, Locke, Leibnitz, Descartes, prônent la toute puissance de la raison avec trois grandes tendances, partiellement contradictoires, qui ont inspiré les praticiens de cette époque :
- La "Raison pure", à cause de laquelle la Médecine sera la victime de systèmes philosophiques au détriment des faits
Le fait objectif, qu'il soit constaté spontanément ou provoqué, est régulièrement interprété en fonction des déductions qu'on était à priori décidé à en tirer. Bref, le fait doit s'adapter aux théories philosophiques et non l'inverse...
- La défense impénitente de la tradition contre la vérité
- Mais aussi un certain esprit de recherche, hérité de la Renaissance.
On cherche à confirmer ou établir la vérité scientifique en faisant table rase des dogmes.
Descartes a une conception dualiste de l'Humain : l'âme est pensante, et le corps obéit aux règles de la mécanique. Ces théories sont à l'origine de l'école des Iatromécaniciens. Hoffman et Bellini considèrent que l'homme est un assemblage de poulies, de cordages, d'engrenages et que la pathologie n'est qu'un dérèglement mécanique. Ils justifient l'utilisation de la saignée et des purgations.
A l'opposé, les Iatrochimistes (comme Thomas Willis qui buvait l'urine de ses malades pour déterminer le type de diabète) pensent que tout est chimique : il y a une alternance de fermentations et d'effervescences au sein de l'organisme.
La lutte entre l'acidité et alcalinité des humeurs constitue la «coction».
J.B. Van Helmont et H. Boerhaave ont fait une tentative de conciliation de ces deux systèmes en considérant que les maladies peuvent être dues à l'agitation du sang, les obstruction mécaniques, l'acrimonie des humeurs...
Sydenham, quant à lui, a fait une classification des maladies en aigües et chroniques.
William Harvey démontre le mécanisme de la circulation sanguine sur l'animal "le cœur bat de façon à faire circuler le sang".
b) Etat des connaissances du corps humain :- En anatomie :
- William Harvey décrit la circulation sanguine
- Pecquet décrit la circulation lymphatique
- Malpighie décrit les capillaires pulmonaires
En physiologie : Lower suggère la notion d'hématose : aération du sang dans les capillaires pulmonaires
Borelli décrit la motilité automatique et volontaireEn embryologie : Reinier De Graaf décrit les fonctions de l'ovaire
Malpighie et Santorini décrivent le corps jaune et le rôle des Spz dans la nidation
Leuwenhoeck décrit les vers spermatiques et élabore la théorie de la préformation et de l'épigénèse.c) Etat des connaissances de l'homme malade :Examen clinique et rite médical :Au début du 17ème il est encore assez sommaire, mais les médecins vont en développer la pratique alors qu'avant il était le fait des chirurgiens :
- Interrogatoire et inspection assez précis
- Examen du pouls, mais on ne compte pas
- Examen de l'aspect des selles, urines, sang
Certains médecins vont développer la pratique clinique :
- Thomas Sydenham regroupe ses observations dans «Pratique du docteur Sydenham»
- Thomas Willis établit la relation entre symptômes et troubles anatomiques et physiologiques
- Herman Boerhaave est l'un des premiers à enseigner la clinique au lit du malade.
Les premiers examens complémentaires sont nés, avec des mesures physiques :
- Fin du 17ème/ début 18éme, Floyer compte le pouls grâce au chronomètre
- Boerhaave mesure la température corporelle à l'aide du thermomètre
et des mesures chimiques :
- Thomas WILLIS établit la notion de diabète sucré ou insipide selon le goût des urines
- Van Helmont décrit la présence de sels d'ammoniac dans les urines
C'est le début de la microscopie avec la description d'animalcules par Van Helmont.
La thérapeutiqueThérapeutique médicale :
- usage du mercure pour la syphilis
- usage du laudanum dans les maladies nerveuses
- usage de l'ipecacuana dans le traitement des dysenterie
- découverte du Quinquina très utilisé pour le traitement des fièvres
Thérapeutique chirurgicale :
- opération du bubonocèle par René Gendry
- opération de Félix pour les fistules annales
- tentative ratée de transfusion sanguine de l'animal à l'homme par Denis
Obstétrique :
- Louise Bourgeois : 1er enseignement aux sages femmes
- François Mauriceau : "Des maladies des femmes grosses et accouchées"
- Chamberlain : invention du forceps
d) Organisation des soins :Les soins sont prodigués par des médecins de formations très inégales :
- Les médecins régents, les mieux formés, et les médecins externes ou forains
- Les maîtres chirurgiens, et les chirurgiens externes, ou de petite expérience
- Les sages femmes ont des formations très disparates. Les meilleures ont reçu une formation de 2 ans, les autres ont une autorisation du curé d'exercer en fonction de leur moralité
- Les soignants sont essentiellement des religieuses
- Les hôpitaux sont supervisés par des médecins et des chirurgiens régents, mais l'essentiel des soins est assuré par des religieuses.
e) Les grands Fléaux :Les principales causes de mortalité sont :
- La mortalité foeto-maternelle
- Les maladies épidémiques : peste, variole, dysenterie, rougeole, paludisme
- Les maladies carentielles occasionnées par les fréquentes famines et la navigation intercontinentale : kwashiorkor, pélagre, scorbut
f) Progrés et conservatisme :L'opposition au progrès est stigmatisée par la querelle des "Circulateurs" à la suite de la découverte de William Harvey sur la circulation sanguine.
Jean Riolan fils, Guy Patin et Descartes s'opposent aux partisans d'Harvey : Vieussens, Lower.